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Portraits de graines

Depuis toujours les graines attendent les conditions de leur germination. Depuis toujours les plantes voyagent. Ces deux pouvoirs le sommeil et le voyage font de cet organe vital un extraordinaire ovni. Qui peut prétendre voyager en dormant, dormir en voyageant, quelle que soit la durée du voyage et celle du sommeil ? Cela peut durer des siècles.
Où vont – elles? demande l’esprit curieux des naturalistes. On ne sait pas, elles voyagent, c’est tout, ne connaissent pas les frontières. La nature est fantasque.

Noix, glands, fruits-graines, céréales, légumineuses…sont utilisés pour leur vertu, leur usage, leur rareté. Parfois poison, bijou, ornementation, ou monnaie d’échanges, les graines accompagnent le développement de l’humanité depuis le paléolithique. Elles interagissent avec les sociétés humaines, par leurs usages mais aussi par les savoirs les concernant et les relations sociales tissées.
La graine est une merveille d’apparence. Elle est une perfection de forme et de couleur. Elle possède une morphologie nécessaire, propre à susciter l’étonnement, la curiosité ou la contemplation. Le choix du portrait, en référence à ses codes classiques, a permis d’affirmer la singularité de chacune. Chaque portrait interroge notre subjectivité, et les graines deviennent des symboles qui, loin d’une image générique, nous confrontent à notre origine.

Extrait d’un texte de Gilles Clément, jardinier-paysagiste et d’un texte de Serge Bahuchet, ethnobotaniste, accompagnant le livre « Histoires de graines » à paraître aux Editions Xavier Barral en 2022. Images réalisées avec une loupe stéréo-macroscopique de la marque Olympus. Les graines sont issues des collections du Museum National d’Histoire Naturelle, de l’association Kokopelli, du CIRAD, du CRB des céréales à pailles et du GEVES.